Brainwriting : utiliser le silence pour générer des idées nouvelles5 min read

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Plusieurs méthodes existent pour générer des idées nouvelles. Certaines méthodes se basent sur la créativité individuelle, tandis que d’autres se basent sur la créativité collective et cherchent à tirer parti du potentiel créatif synergique des groupes. Les groupes ont en effet le potentiel de générer plus d’idées et des idées de meilleure qualité que celles obtenues en additionnant les contributions individuelles de leurs membres (Van Gundy, 1984).

Le brainstorming (ou remue-méninges) est une méthode de génération d’idées qui s’appuie sur la créativité du groupe et dans laquelle la génération d’idées se produit à l’oral. Développée par Alex Osborn et utilisée pour la première fois en 1935, cette méthode repose sur quatre règles :

(1) pas de jugement,

(2) les idées audacieuses sont les bienvenues – « the wilder the idea the better »,

(3) une quantité importante d’idées est recherchée,

(4) combiner et améliorer les idées.

Cependant, ces règles ne sont pas toujours respectées ce qui peut rendre le brainstorming peu efficace. Cette méthode présente également l’inconvénient d’être sensible à la pression à se conformer (voir l’article le conformisme social ou la pression par les pairs) mais aussi celui de ne pas être efficace en cas de conflits interpersonnels, différences culturelles ou différences de statut au sein du groupe. Il existe des alternatives moins connues qui peuvent être plus pertinentes à mettre en œuvre dans ces situations finalement assez courantes.

 

Du brainstorming au brainwriting

Le brainwriting (ou idea writing) est une alternative au brainstorming qui consiste à générer collectivement des idées à l’écrit. Le choix entre les deux méthodes (brainstorming ou brainwriting) dépendra de facteurs tels que le besoin d’interaction sociale et la probabilité de conflits au sein du groupe. Le brainwriting peut être plus approprié si les besoins d’interaction sociale sont faibles, si des différences de statut sont visibles et si des conflits de groupe sont probables. Par ailleurs, utiliser à la fois le brainstorming et le brainwriting peut compenser les avantages et les inconvénients des deux approches dans une certaine mesure.

Van Gundy (1984) décrit dans son article 6 techniques de brainwriting :

  1. la méthode du groupe nominal (ou Nominal Group Technique – NGT),
  2. la méthode du carnet collectif (ou Collective Notebook – CNB),
  3. le Brainwriting Pool (BP),
  4. la méthode des Pin Cards (PC),
  5. la méthode BBB (Battelle-Bildmappen-Brainwriting)
  6. et la méthode SIL (Successive Integration of Problem Elements).

 

Les deux dernières méthodes citées sont en réalité une combinaison de brainwriting et brainstorming. L’auteur propose de se référer à des critères pour sélectionner la technique la plus appropriée selon les caractéristiques du projet :

  • l’originalité des idées au sein du groupe, c’est-à-dire la capacité de la technique à générer des idées qui ne sont pas récurrentes au sein du groupe,
  • le temps et l’argent requis pour construire la séance de brainwriting,
  • les conflits potentiels au sein du groupe,
  • le potentiel à satisfaire ou non les besoins sociaux des membres, par exemple, si un brainwriting est prévu pour les membres d’une équipe de travail qui apprécient interagir ensemble, nous pouvons faire l’hypothèse que les besoins d’interaction sociale seront élevés,
  • et enfin, la nécessité pour le leader (animateur de la séance) d’avoir les compétences nécessaires pour justement… animer la séance.

 

Critères de sélection pour l’utilisation d’une technique de brainwriting (Van Gundy, 1984)

 

Exemple avec la technique Pin Cards

La méthode Pin Cards peut être intéressante à utiliser car elle est peu coûteuse en temps/argent, et nécessite peu de compétences en animation (les « leader skills »). Par ailleurs, elle permet de générer des idées originales au sein du groupe.

La séance de créativité selon la technique Pin Cards se déroule ainsi :

  1. L’animateur lit l’énoncé du problème à un groupe de 5 à 7 personnes et s’assure que cet énoncé a bien été compris par l’ensemble du groupe.
  2. Chaque membre du groupe écrit ses idées sur des post-it séparés (une idée par post-it) et le pose à sa droite formant ainsi une « pile d’idées« .
  3. Le membre qui se situe à la droite doit ensuite récupérer un post-il de la pile afin de stimuler sa créativité et générer une nouvelle idée à son tour qu’il posera ensuite à sa droite.
  4. Ce processus écriture-transmission peut être répété pendant 20 à 30 minutes.
  5. Le critère d’arrêt peut porter sur le nombre d’idées générées ou le fait que chaque idée est fait un « tour de table » complet.
  6. Enfin, les piles sont collectées, organisées en catégories logiques (par exemple, selon la méthode KJ ou diagramme d’affinités), présentées aux membres et discutées.

 

La parole est d’argent, le silence est d’or prend alors tout son sens.

 

Sources :

Debois, F., Groff, A. & Chenevier, E. (2019). Outil 30. Le brainwriting. Dans : , F. Debois, A. Groff & E. Chenevier (Dir), La boîte à outils de la créativité (pp. 82-83). Paris: Dunod.

Geschka, Horst. (2007). Creativity Techniques in Product Planning and Development: A View from West Germany. R&D Management. 13. 169 – 183. 10.1111/j.1467-9310.1983.tb01143.x.

VanGundy, A. B. (1984). BRAIN WRITING FOR NEW PRODUCT IDEAS : AN ALTERNATIVE TO BRAINSTORMING. Journal of Consumer Marketing, 1(2), 67‑74. https://doi.org/10.1108/eb008097