AI vs. IA : verdict5 min read

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Dans mon article précédent, j’ai parlé de 2 approches développementales du Futur avec un grand F : l’intelligence humaine amplifiée, qu’on appelle normalement IA, et l’intelligence artificielle : AI. J’ai expliqué grossièrement ce en quoi l’IA consistait, quels étaient les plans d’actions envisageables pour rendre une telle chose réalisable, et nous avons évoqué les dangers de cerveaux stimulés en comparaison avec ceux de l’AI.

Dans cet article, nous traiterons d’avantage le côté psychologique et sociétal d’une telle approche (l’IA). Éthique, société, devons-nous vraiment parler d’humains à intelligence amplifiée? La recherche en IA est-elle légale ? Quels sont les obstacles, avantages et inconvénients de ces 2 approches, et enfin qui devrait être crée en premier, tout est là :

 

Quels sont les effets secondaires psychologiques potentiels chez un humain radicalement amélioré ? Seraient-ils considérés comme un humain à ce stade ?

La folie est l’un des effets secondaires les plus saillants. Le cerveau humain est une machine extrêmement bien réglée et calibrée. La plupart des perturbations de ce réglage sont qualifiées de « folles ». Il existe de nombreux types de folie, bien plus qu’il n’existe de types de santé mentale.

Même dans le cas d’une santé mentale parfaite, les effets secondaires peuvent inclure des convulsions, une surcharge d’information et éventuellement des sentiments d’égomanie ou une extrême aliénation. Les personnes intelligentes ont tendance à se sentir relativement plus aliénées dans le monde et, de manière assez logique à priori : pour un plus intelligent que tout le monde, l’effet serait grandement amplifié.

On le sait maintenant, la plupart des gens très intelligents ne sont ni joviaux ni sociables. A ce propos, Hemingway a déclaré: « Un homme intelligent est parfois obligé d’être saoul pour pouvoir passer du temps avec les imbéciles. » Et si l’ivresse ne suffisait pas pour instaurer la camaraderie et l’affection mutuelle ? Avec une intelligence in(ou sur)humaine, un type de « pause d’empathie » propre pourrait émerger et amener à la psychopathie… là ça devient problématique. La limite est très fine et je ne pense pas que l’on manque de psychopathes.

 

Alors, qui va venir en premier ? AI ou IA ?

C’est aussi très difficile à prédire.

Il y a un très fort parti pris pour vouloir que l’IA (intelligence amplifiée) passe en premier, à cause de tous les films amusants et des jeux vidéo avec des protagonistes dotés d’une intelligence accrue. Selon Ken Ford, on ne saura jamais reproduire de machines capables de réfléchir aussi intelligemment que l’homme. L’avenir reposerait plutôt sur l’intelligence augmentée.

Il est important de reconnaître que ce biais en faveur de l’intelligence amplifiée n’influence en fait pas la difficulté technologique réelle de l’approche. Je pense que l’AI (Intelligence Artificielle) viendra en premier parce que le développement est beaucoup moins cher et plus propre.

Mais il ne faut pas oublier que des 2 côtés, les efforts sont extrêmement difficiles. Et ils risquent de ne pas se concrétiser avant les années 2060, 2070 ou plus tard. Finalement, je pense qu’ils devront tous les deux se concrétiser, peut être quelques temps avant la fin des temps, mais c’est un autre sujet. En tout cas, il n’y a rien de magique dans l’intelligence. C’est la demande de son amélioration qui est énorme.

 

Quels sont les avantages et les inconvénients des deux approches développementales ?

Le principal avantage de la route de l’Intelligence Artificielle est qu’elle est infiniment moins cher et plus facile niveau recherche. L’intelligence artificielle est développée sur papier et en code !

La recherche sur l’IA (intelligence amplifiée), en revanche… est illégale. Une Intelligence Amplifiée sérieuse nécessiterait une neurochirurgie profonde et des implants cérébraux expérimentaux. Ces implants cérébraux peuvent mal fonctionner, provoquant des convulsions, une démence ou la mort. Améliorer qualitativement l’intelligence humaine ne consiste pas à prendre quelques pilules, il faut vraiment développer des implants cérébraux pour obtenir des rendements significatifs.

La plupart des recherches dans ce domaine sont très réglementées et coûteuses. Tous les tests sur les animaux sont coûteux. Theodore Berger travaille sur un implant hippocampique depuis un certain nombre d’années. En 2004, son « interrupteur de mémoire » a été testé sur des rats, mais très peu de nouvelles depuis. Toutes les deux ou trois années, le monsieur apparaît dans les médias et dit que cela approche, mais il y a de quoi être sceptique.

Alors qu’en attendant, il y a énormément de progrès intrigants dans l’intelligence artificielle !

 

Quels obstacles, technologiques, médicaux ou éthiques, font obstacle au développement ?

Le principal obstacle est le développement de la technologie de fabrication appropriée. En ce moment, nous ne sommes même pas proches.

Un autre obstacle consiste à déterminer exactement ce que fait le neurone et à identifier la position exacte de ces neurones chez les individus. Raison pour laquelle je disais que sans de réelles avancées en neurosciences, les IA ou AI resteraient un mythe. 🤷🏽‍♀️ Comment reproduire ou améliorer ce dont on ne comprend pas bien le fonctionnement ? Et encore une fois, nous ne sommes même pas proches…

Troisièmement, nous devons aller jusqu’au bout du cerveau & trouver un moyen de tester rapidement les théories extrêmement fines de la fonction cérébrale – ce que Edward Boyden appelle « le criblage de circuits neuronaux à haut débit »  (traduction de l’anglais un peu foireuse, il faudra que je me renseigne sur l’expression majoritairement admise en français – j’ai mis le lien hypertexte pour les intéressés). La meilleure façon de le faire serait de créer un être humain sans conscience et l’expérimenter. Mais je ne pense pas que cette idée soit aussi bien acceptée par les comités d’éthique…

En l’absence de cela, nous avons besoin d’une simulation à extrêmement haute résolution du cerveau humain. Contrairement au battage médiatique autour des projets de « simulation cérébrale » d’aujourd’hui, une telle simulation haute résolution ne sera probablement pas développée avant 2050-2080. Une analyse d’Oxford choisit une date médiane d’environ 2080. Cela me semble personnellement un peu conservateur.. mais approximativement réaliste !